vendredi 30 mars 2012

Les vagabondages printaniers.


                          "Les jardins de Colette"   Jeu ludique et créatif sur le thème de la nature .
Jardinière de beauté, d'abondance et de fabuleux ,Colette nous invite à voyager dans nos jardins intérieurs .


Textes écrits par les participants aux ateliers d'écriture qui se sont déroulés le premier trimestre de l'année 2012.
Au sortir de l'hiver nous avons accueilli le printemps avec des textes sur ce thème.Nous avons pour cela joué avec des symboles, des archétypes, des métaphores.

                    http://jardinscolette.jimdo.com/

                                  LES JARDINS DE Colette  
                          Le ventre des bois
 


Après le repas avec mes cousins, nous partions à travers champs, cheveux au vent et l’esprit libre. Notre chemin nous conduisit ce jour au creux d’un bois. Essoufflés, assoiffées, nous nous blottîmes chacun dans un des creux d’un chêne majestueux et centenaire qui semblait nous attendre. La fraîcheur de la mousse n’avait d’égale que sa douleur. Progressivement, nos cœurs ralentissaient, nos respirations s’apaisaient. Un monde que nous n’avions pas perçu de premier abord émergea. Ce fut en premier lieu les rayons les plus courageux de la lumières du soleil qui perçaient le feuillage des arbres pour venir nous caresser le visage. Puis, ce furent les chants des oiseaux, tels un orchestre symphonique jouant leur partition, qui nous parvinrent lointains d’abord puis très distinctement. Attendaient-ils une réponse de notre part ? Je me le suis demandé. Ils discutaient entre eux, volubiles, sérieux dans leurs propos sans aucun doute. Du sol remontait les bruits de ses habitants. Craquements de feuilles, crissements et glissements en tous genres. Je soulevai délicatement avec un petit bâton le tapis de feuilles en cours de transformation. Des petites organismes remuants s’affairaient dans la terre noire, d’autres profitait de la liberté que je leur offrais pour voleter.  De ce moment, je sus qu’une ville souterraine, une société organisée existait, parallèle à la notre. Avait-elle conscience de notre existence ? La question reste entière. Cette vie avait son odeur, celle que j’appelle encore l’odeur du ventre du bois. Je ne sais toujours pas aujourd’hui si je la trouve agréable ou désagréable, subtile oui, complexe certes, j’oscille à la comparer à celle aigre douce du moisi et celle des champignons. Parfois, elle me soulève le cœur, à d’autres moments elle m’attire, à l’image de cette enfance que je retrouve aux détours des émotions qui me gagnent lors de promenades dans les bois.
            Martine  mars 2012

mercredi 21 mars 2012

                                 Ellipses

                                                                    Photo Roselyne Cusset

                      
                                                                  Détail album Björk


sera un bulletin papier  dont un prototype sortira fin Avril 2012 ,c’est actuellement une page web qui informe  sur l’actualité culturelle et artistique , lors de manifestations aussi diverses que variées, se déroulant dans un premier temps entre Grenoble et ses environs  Nîmes et la région du Gard..
C’est aussi une fenêtre ouverte sur des rencontres de personnalités  des  créateurs connus  et inconnus rencontrés lors de vagabondages .  
Les ateliers d’écriture  débutés en Janvier 2012 au sein de T’art’en Pion à Saint Martin d’Hères s’articulent autour de la thématique de la nouvelle . Une dizaine de personnes se réunissent deux fois par mois dans les locaux de cette SIC , café restaurant , épicerie bio ouverte aux expressions diverses. Spectacle   vivant , arts plastiques expositions , ateliers d’écriture ,Slam…Actuellement nous sommes au cœur du printemps des poètes sur le thème  ENFANCES .
Les participants ont bien voulu jouer le jeu sur ce thème et nous écrire des textes sous des formes variées allant du poème à la nouvelle , en passant par la fable ...Ce qui m’a agréablement surprise c’est la qualité  de ces créations tant sur la forme que par le contenu , j’ai pris plaisir à lire et  à m’imprégner de ces récits , je vous propose  d’en faire autant .
Bonne lecture.
Roselyne Cusset :auteure photographe et animatrice d’ateliers d’écriture.
Tart-en-pion.blogspot.com
Site écriture et photographies: www.fulguranteserrances.com/
Vos participations sont les bienvenues






      Le printemps des poètes sur le thème
                           Enfances.  
 


Victor Brauner





Fée chimère


Était une fée gracile
Avait suivi Alice

Jusqu'au miroir de l'eau
S'y mirant, s'y voyant
Princesse couronnée de frêles fleurs des champs
Ceinte de nénuphars en corolle élargie

Était fée bouton d'or                  

Armée de sa baguette
Baguette de flammèches
Rouges à son cœur saignant
Épris d'amour charmant

Était fée ailes immenses
Ailes de papillon
Ailes de cerf-volant
Dépliées éventail
Pour ses joues empourprées

Était fée en pensée
Ou elle croyait l'être                              
Au fond de son jardin
Sauvageon herbes folles
Saturé des couleurs de l'été parfumé

Était fée échappée
De sa chambre maussade
A l'heure de la sieste
Quand vrombissent les mouches, les insectes en tout genre qui ne prennent repos
Fée volée au sommeil qu'elle repoussait du pied et des doigts écartés
Si avait été fée
Elle aurait fait renaître sa mère disparue aux tout premiers instants
Cette mère vagabonde des limbes et des rêves
Qui l'appelait parfois
La prenait dans ses bras
Cette mère transparente
Fantôme aux mains charnues
Qui savait des complaintes
Des vers et des histoires
Évanescence-même impossible à garder
Sinon au creux de soi et de ses pensées folles
De ses pensées d'enfant qui croit tenir le monde
Et décider de tout
Enfant créant les jours, les semaines, les années

Ne se sentait plus fée
Juste une fille oubliée
Pas tout à fait grandie
Encore en chrysalide
Les lacets au corset
Rubans dans ses cheveux

Véronique Pedrero

                                       



                                                 Léonor  Fini









                                 Le lion et les dés.

C’était il y a bien longtemps, un jour de grand vent. La fille du métayer, Juliette, ses cheveux dans les mains comme des flots marins, avait entrepris d’assagir leur opulence par des tresses. Des algues poussées par le ressac auraient été plus faciles à dompter. A côté d’elle, le lion de pierre, la tête entre les pattes, s’étalait de tout son long sur le perron du château. Il donnait à la cour d’honneur un air oriental.
Quelqu’un marcha sur les graviers, elle redressa la tête, Dick le chien blanc grogna d’un mécontentement soudain. Sous une lumière rasante les prés alentours avaient prit la verdeur d’une crue de Loire, quand le fleuve sort de son lit.
Rien ne laissait supposer que ce calme serein puisse être brisé. A contre jour arrivaient, dans la cour, deux jeunes gens aux chapeaux pointus, mis comme des alchimistes. Chacun tenait, en sa main, un dé blanc tracé de noir. Inscrit dessus le dessin de leurs chromosomes, tel une lettre hébraïque, signifiait leurs hérédités déclinables sur plusieurs générations.
Le lion avait la gueule ouverte, les deux jeunes gens s’approchèrent du perron. L’un d’eux émis un petit sifflement, s’accroupit et jeta son dés dans la gueule ouverte de la statue, le chien qui y vit un jeu se précipita pour saisir ce qu’il prit pour un caillou. Mal lui en pris, sur le champ le lion rugit, sa crinière dressées, la fourrure parcourue de reflets frémissant, la queue terminée par une touffe de poils qui tel un pinceau traçait  sur le gravier des signes cabalistiques. Le chien effrayé se cacha à plat ventre, sous la longue robe à carreau de Juliette. Juliette se demandait qui avait donné vie à ce lion inventé en son temps par un artiste ?
La bête s’approcha du deuxième jeune homme qui se recula et d’émotion lâcha son dé. D’un coup, une langue rouge et râpeuse l’avala avec quelques graviers. On vit alors ce spectacle extraordinaire du lion grandissant, sa fourrure recouvrant peu à peu tous les champs alentours sous une toison rousse tandis que les longs cheveux de Juliette devenaient ruisseaux noirs dans ces champs.
Le soleil descendait à l’horizon, le sol s’irisait, les marais en bordure de rivière devenaient des miroirs d’or.  Entrainé par les flots de fourrure pour l’un et par les cascades de cheveux pour l’autre, les deux jeunes gens tombèrent à la renverse.  Au bout d’un moment ils ressemblaient à des brindilles flottant sur une mer démontée. Les flots firent tant, tant de flux et de reflux qu’un moment les jeunes gens finirent mélangés l’un à l’autre.
On vit alors l’artiste, le pinceau à la main, s’écarter de sa toile pour admirer le tempétueux mouvement du rouge et du noir, avec au centre  le signe taoïste du Ying et du yang mêlé. Dans la ville de Stendhal où chaque rue se termine par une montagne, il faut s’attendre à tout.
 

Marie-Paule Lageix.


         


 La malédiction de la fée Mélidictine





Le lapin blanc parlait un simple langage composé de quelques  sons, bien distincts. Parfois il ne disait mots et se contentait de plisser les yeux et d'arrondir un peu plus ses bajoues tout en remuant du nez et tremblotant des moustaches.

La jeune reine savait lire dans ses pensées , elle le  regardait l'air ennuyé et semblait déçue de ne pouvoir  marcher avec lui dans le parc du château. « Mon ami dit elle, quand cesserez vous de jouer aux sortilèges, que faire pour que vous repreniez forme humaine ?

Autrefois lorsque vous étiez un un roi puissant , aux moustaches imposantes , au royaume immense tout me semblait si facile..Hélas aujourd'hui il n'en est rien .Vous avez voulu gagner vous avez malheureusement perdu.
Ma douce couina le lapin , je suis  pris dans un piège...Ce jeu abracadabrant avec votre marraine Mélidictine s'est révélé maudit .J'ai avancé deux rois elle avait trois as, hélas. Elle a confisqué mon apparence, mais elle ne n'a pas réussi à prendre mon âme madame. Je ne l'ai pas vendu même contre ma reine de coeur, ce qui m'a valu ce grand malheur »

Le jour pointa  radieux, après  une longue nuit de tourments pour le lapin blanc. Au matin il se dressa sur ses pattes arrières et déclara à sa belle , les yeux coquins et les  moustaches frémissantes « Cette nuit j'ai rêvé,  une voix m'a dit que nous devions nous rendre tout deux au bord du petit lac bleu dans la clairière aux papillons. Nous nous mirerons tour à tour dans son onde claire et pure. Vous prendrez une baguette fabriquée avec du cornouiller rouge et m'en frapperez le museau  .Je devrais m'agenouiller et regarder mon reflet dans l'eau au soleil de midi sans ciller ni fermer les yeux, et crier ,par le trèfle par le carreau, le coeur et le pique, rendez moi mon corps de roi Mélidictine.
Je redeviendrai le monarque puissant et de belle prestance que j'étais autrefois. »

Aussitôt dit la reine se leva ,lissa ses longs cheveux, ouvrit ses belles ailes aux reflets nacrés et suivie de son époux, se dirigea vers le point d'eau. En chemin elle fabriqua la baguette magique. Arrivés à destination ils s'agenouillèrent pour se mirer dans l'onde, tout en respectant les indications du message de la nuit .
Mais alors que les reflets renvoyaient l'image d'une reine encore plus belle, le lapin lui resta un pauvre lapinou..



Roselyne Cussset  






                                  Le pédophobe.



                                                      

 

 Il n’avait jamais aimé les enfants, ça non, jamais. Lorsqu’il était enfant lui-même, il ne pouvait déjà pas les voir, même en peinture, et avec le temps, cela n’avait fait qu’empirer. Il avait toujours fréquenté des gens plus âgés que lui et avait une aversion profonde pour les nouveaux nés qu’il voyait comme des êtres braillards et inutiles juste bons à remplir leurs couches et à gâcher les nuits de leurs parents. Il n’avait jamais pu supporter très longtemps le spectacle de ces couples ébahis devant les premiers pas de leur progéniture et trouvait affligeante cette manie qu’ont certains parents de s’adresser à leurs jeunes enfants en prenant une petite voix et en redoublant les syllabes de certains mots.

 Les « doudou », « popo » et autres « lolo » avaient le don de le mettre en rage et il ne pouvait comprendre que des êtres sensés et intelligents puissent employer un tel vocabulaire sans se sentir complètement ridicules. Ne parlons pas des adolescents nonchalants et boutonneux, il les avait en horreur. La voix cassée et l’air benêt des garçons ainsi-que les manières et les rires stupides des filles de quinze ans lui donnaient souvent des envies de meurtre que seule sa bonne éducation parvenait à réprimer.
Etant fils unique, il avait grandi dans un monde d’adultes et n’avait jamais recherché le contact avec les autres enfants. Il avait d’ailleurs très peu de souvenirs d’enfance et il lui arrivait même de se demander s’il avait lui-même été, un jour, un de ces êtres inachevés. Il avait traversé les années d’école, de collège et de lycée en solitaire et avait limité au strict minimum ses rapports avec les autres élèves préférant le plus souvent la compagnie des professeurs ou des surveillants ce qui lui avait valu tout au long de sa scolarité une solide réputation de « fayot ».
Plus tard, cette aversion pour les enfants l’avait peu à peu détourné de ses amis qui étaient mariés ou en couple et qui avaient une descendance plus ou moins nombreuse qu’il ne pouvait s’empêcher de trouver bruyante et mal éduquée. Il fuyait comme le peste les familles recomposées qu’il considérait un peu comme des tribus primitives aux ramifications compliquées. Evitant les couples avec enfant, il avait fréquenté un temps des couples homosexuels, hommes ou femmes mais leur désir d’adopter ou leur engagement en faveur de l’homoparentalité l’avait plongé dans un abime d’incompréhension.
Il n’avait jamais aimé les enfants, et n’avait jamais voulu en avoir, et puis…Il avait rencontré Leila. C’était il y a trois ans, dans les coulisses d’une émission de télévision et entre eux deux, que tout séparait, le coup de foudre avait été instantané. Leurs regards s’étaient croisés et l’impossible s’était produit. Ils étaient les invités d’une émission littéraire. Lui pour la sortie de son livre «le pédophobe», et elle pour la publication d’un recueil de contes pour enfants qu’elle avait écrit et illustré. Ils étaient très troublés et l’émission avait été un fiasco, l’animateur qui les avait invités dans l’espoir de les faire s’opposer devant des centaines de milliers de téléspectateurs en avait été pour ses frais. Ils n’avaient tous deux réussi qu’à bafouiller quelques phrases incompréhensibles…Après l’émission, ils avaient discuté longuement, puis s’étaient revus le lendemain et depuis, ils ne s’étaient plus quittés.
Il n’avait jamais aimé les enfants, ça non jamais, et pourtant il était là, souriant, allongé sur le dos, et posé sur son abdomen, un petit bonhomme d’à peine plus de trois kilos dormait confiant. Ils avaient tous les deux, tout à apprendre…

Bernard Jacquier. 03/2012.


                                                     
                 


                 Pierre et la toison d’or











Il était une fois, un garçon tout blond, qui s’appelait Pierre. Il était le dernier d’une fratrie de sept enfants. Dans sa famille, tous avait la peau mate et les cheveux noirs corbeaux. Et pour cause, son papa Filipe est né à Lisbonne au Portugal et sa maman Rose est elle originaire de Salamanque en Espagne. Il était le seul à arborer une chevelure d’or et à avoir la peau tellement blanche qu’elle en devenait transparente avec la lumière. 

Dans leur village, cela faisait parler les langues qui se croisaient. Et comment se fait il que le petit Pierre ait une crinière de feu, et patati et patata… Et pourquoi la peau de petit Pierre est claire comme du lait et patati et patata… A tel point qu’un jour, la mère de Pierre lasse des conversations qui s’interrompaient quand elle pénétrait chez Madame Baguette, chez Monsieur Bavette et même chez Le Docteur Toubib, las des allusions désagréables et désespérée de retrouver chaque soir Pierre en larmes à son retour de l’école; sur les conseils de sa voisine, s’est rendu chez Madame Tégument pour lui demander conseils. En guise de conseils éclairants il fut question de teintures sombres et de crèmes auto-bronzantes. Maria trouva l’idée magique et ne fit ni un ni deux, se procura les produits et expliqua à son petit Pierre la solution qui d’après elle, allait résoudre tous ses problèmes. Et c’est ainsi que petit Pierre fut  métamorphosé en véritable mauricaud.

 C’est en toute confiance qu’il avait laissé sa mère s’affairer sur sa chevelure, mais devant le miroir il ne se reconnut pas, sa belle toison blonde disparue, remplacée par une paillasse noire, sa peau devenue d’un beige orangée, ce n’était plus lui. Il supplia sa mère de lui redonner sa vraie apparence. Par bonheur, il se trouva que sa marraine passa justement les visiter ce jour là. Et il se trouvait également que cette marraine était, comme celle de Cendrillon, dotée de pouvoirs exceptionnels. D’un coup de sa baguette magique, elle rétablit la situation.
 Pour fêter tout cela, la marraine invita son filleul à manger. Seuls ils purent tranquillement discuter. Pierre raconta les moqueries à l’école qui le faisaient souvent pleurer le soir dans son lit et il raconta aussi ce qu’il n’avait jamais osé dire à personne, pas même à sa copine Séraphine à qui il disait tout pourtant. Chaque soir dans son lit avant de s’endormir il grimpait sur un papillon géant multicolore qui venait le chercher au pied de son lit et ils s’élevaient tous les deux dans les airs. 
 Ensemble ils visitaient toutes les fleurs dont le papillon butinait le nectar.  A califourchon sur sa monture, Pierre se sentait envahi d’un bonheur intense, le même que s’il avait été le maître du monde. Le matin, le papillon le ramenait dans son lit, chaque nuit un peu plus grand, un peu plus sur de lui.

 Le papillon était devenu son ami et quelquefois par les fenêtres de son école il l’apercevait voletant tranquillement dans l’air chaud de l’après midi. Il lui faisait alors un petit signe de la main, tout tout petit presque imperceptible parce qu’il ne voulait surtout pas qu’on lui demande à qui était destiné le geste. Chaque fois, qu’il en avait besoin il convoquait son ami qui s’empressait d’accourir à son secours. Ainsi la marraine sut ce jour que petit Pierre avait en lui ce « quelque chose » qui  rend les enfants chaque jour un peu plus forts et capables de vivre avec leurs différences et elle sut trouver les mots pour rassurer sa maman.


MARTINE RABOT     MARS 2012



         Le prince qui ne voulait pas être roi
 




Il était une fois, dans un pays très lointain, un prince prénommé Arthur. Il était fils unique et savait qu’un jour, il dirigerait le royaume. Mais c’était un royaume en péril, qui avait subi de nombreuses attaques de pays ennemis et était presque en ruines. Affaibli par une grave maladie, le Roi était incapable de protéger ses sujets qui réclamèrent le Prince Arthur sur le trône à sa place. Mais Arthur se sentait impuissant face à la lourde tâche qui lui incombait. Lorsque son père se soumit à la volonté de son peuple, le jeune prince prit peur et se mit à prier pour qu’on lui vienne en aide

Tous les soirs, à genoux devant sa fenêtre, il implorait le ciel. Et à sa grande surprise, le ciel lui répondit sous la forme d’un oiseau bleu qui vint un soir se poser sur le rebord de sa fenêtre:“Dis-moi, jeune Prince, de quoi as-tu peur ?” “J’ai peur de devenir roi. J’aimerais connaître l’avenir pour savoir qu’elle est la meilleure chose à faire.” En réponse à sa prière, l’oiseau bleu lui offrit trois épées et un cahier magique et lui dit : “Ecris sur ce cahier avec une épée juste avant le douzième coup de minuit et tu verras l’avenir.” Le prince crut avoir rêvé. Mais le lendemain matin, à son réveil, il vit les trois épées et le cahier sur son bureau. 

Il passa la journée à réfléchir à ce qu’il allait écrire. Le soir venu, juste avant le douzième coup de minuit, il prit une épée, ouvrit le cahier magique et y écrivit : “Je ne veux pas devenir roi.” Puis il alla se coucher. Il fit un rêve cette nuit-là. Il vit son pays à feu et à sang, attaqué de toutes parts par des troupes venant de contrées voisines. Il vit des femmes et des enfants affamés et des hommes entrer de force dans le palais royal pour le tuer. Il se réveilla en sueurs : avait-il eu une vision du futur ? Était-ce ce qu’il allait advenir de son peuple s’il refusait le trône ? Ou bien avait-il seulement fait un mauvais rêve ? Il manquait une épée sur son bureau, celle qu’il avait utilisée la veille. Elle avait disparu. Et lorsqu’il ouvrit le livre magique, toutes les pages étaient blanches, comme s’il n’y avait jamais rien écrit. Rien n’était fait encore. Il avait le temps de trouver une solution. 

Lorsque le moment d’écrire arriva, Arthur prit la seconde épée et écrivit dans le cahier : “Je veux que mon père guérisse.” Et il alla se coucher pour faire un nouveau rêve : Il vit son père guéri, plein de vitalité, acclamé par son peuple alors qu’il quittait son palais et partait se battre pour défendre son royaume. Puis il le vit affronter de nombreux et puissants guerriers et mourir au combat, laissant son pays sans défense. Lorsqu’Arthur se réveilla, il n’alla pas vérifier le cahier ni le nombre d’épées qu’il lui restait. Il savait. Et il était résigné. La seule solution semblait être celle dictée par son peuple et choisie par son père : il devait accepter la couronne. Mais cela le destinait-il à périr au combat, comme son père ? Il lui restait une épée pour le savoir. 

Cette nuit-là, juste avant minuit, Arthur écrivit pour la dernière fois dans le cahier : “J’accepte de devenir roi.” Et il ferma les yeux pour se laisser emporter par un rêve merveilleux dans lequel son pays revivait : tous les bâtiments avaient été reconstruits, les fleurs et les arbres avaient repoussés, les habitants semblaient heureux et Arthur vivait entouré d’une grande famille dans son palais. Le prince se réveilla l’esprit paisible. L’avenir ne lui faisait plus aussi peur. Il se sentait prêt à se mettre à la tâche et il était confiant : il ne mourrait pas au combat et ramènerait la paix dans son royaume. Il accepta donc de monter sur le trône et tout se passa comme prévu. 
Des années plus tard, il reçut de nouveau la visite de l’oiseau bleu. “Je n’ai plus peur.” lui dit-il. “Je n’ai pas besoin de connaître mon avenir.” Et l’oiseau lui répondit : “Je n’ai pas le pouvoir de montrer l’avenir, mais celui d’envoyer des rêves aux dormeurs. L’avenir n’est pas tout tracé, il est ce qu’on en fait. Tu avais juste besoin d’y croire.”



Karine Frederic




                                                             LES     OURS


                        Peinture de Caroline Kvanevski   (les petites filles modèles..)                  

                                           

                                  

C’est bien fait pour eux !!Ça leur apprendra !!!Ce n’est plus possible pour moi !!il y en a assez !!Voilà !!Je dois renoncer à mon voyage à Disney-land parce que Mademoiselle’ la pisseuse’ est malade !! Elle est malade ? Et alors ??? Moi ça fait 3 mois que je rêve de Cendrillon, de Blanche –Neige …et je dois accepter de ne pas les voir ?? Il n’y en a que pour Mademoiselle.Moi ???Je compte pour du beurre !!!Oui avant qu’elle arrive j’étais la princesse de la maison ! On m’appelait Boucle d’or Et il y avait de l’amour, de la fierté dans les yeux de mes parents quand ils chuchotaient Boucle d’or …
Elle est arrivée et tout ce que je disais ou faisais devenait transparent, fade, sans intérêt.

Alors quand j’ai appris le changement de programme j’ai mis mes baskets et je suis partie en courant pendant que ma mère berçait Mademoiselle .J’ai dévalé les escaliers, en me répétant
‘Bien fait pour eux !!’ bien fait’ !!Ils le regretteront !!!
J’ai suivi le chemin qui mène aux grottes. C’est mon refuge : tout est vert calme apaisant …Au bout d’une heure, fatiguée d’avoir couru crié, pleuré je me suis assise …Étonnée, je tourne la tête de gauche à droite.. Je  suis dans un lieu inconnu, le silence est assourdissant, c’est un endroit hors du monde  .Une foret profonde et noire m’enserre … Je suis perdue.                    Ah ! Il y a une petite maison dans la trouée de lumière. Intriguée je m’approche silencieusement, sur la pointe des pieds  les volets de bois jaune sont ouverts .Je monte sur le rebord de la fenêtre et j’essaie de voir l’intérieur de cette mystérieuse maison J’aperçois 3 bols de soupe posés  sur 3 tables il y a aussi 3 chaises Cela me rappelle quelque chose !! Plongée dans mes interrogations je sursaute violemment quand je sens une main qui tapote mon épaule Je me retourne et je Le vois : Beurk !!C’est un homme grand aux yeux couleur d’eau morte, son regard est gluant, je suis sure que ses mains sont molles et moites. Il veut me détruire, m’anéantir.

Il sent la mort .

                               Peinture de Caroline Kvanevski   (les petites filles modèles..)         

J’ai des nœuds dans mon ventre, la peur me paralyse.C’est un ogre.
Il a un sourire de loup, il me tend des bonbons collés de poussière
Mon dieu aidez moi !!Je secoue la tête pour dire Non !non ! Comme j’aimerai être avec mon père si bienveillant ma mère si tendre et ma
petite sœur si douce !Comme je les aime !!!!Que faire ? Je ne peux même pas appeler ma marraine : ce n’est pas une fée, elle n’a pas de baguette magique ! Elle est plutôt genre Gaston La gaffe

Si j’en avais un, je donnerai mon empire pour que rien n’ai changé que
 tout redevienne comme avant ! Pendant que mille pensées caracolent dans ma tête j’aperçois des silhouettes  derrière le fou : il y a le père, le fils, et…. le saint esprit ?mais non c’est maman ours !! Mais oui les 3 ours de boucle d’or !!Les voilà !!Ils n’ont pas l’air commode ! !  !!! du genre ours mal léchés, prêts à en découdre pour défendre leur soupe, pas prêts à donner leur pain à un étranger si blanc soit-il. !!!   Ouf !!  Ils vont me sauver .Soulagée j’ai envie de rire je saute de la fenêtre, j’esquive le pervers, il s’expliquera avec les ours !!Je m’enfuis.
Merci les ours !!
Je cours, j’ai des ailes je n’ai envie que d’une chose : serrer ma famille dans mes bras et rester avec eux : j’apprendrai plein de choses à Mademoiselle, je lui raconterai des histoires, je veillerai sur elle.
Et je sais que plus tard je les quitterai pour mon prince.
Je le reconnaîtrai facilement !!!Il aura un cheval blanc !!
Et il sera charmant !!!

 

Nicole Piancone